Alors que l’année scolaire touche à sa fin et que le bureau 2020-2021 s’apprête à passer le relais, SciencesPi vous propose un petit retour sur son histoire.
Tout a commencé le 3 décembre 2009, jour de la déclaration en préfecture. C’était le début d’une belle histoire, celle d’une association dédiée aux étudiants de la spécialité « Propriété Intellectuelle » (devenue « Droit de l’Innovation ») de l’Ecole de droit. Le projet porté par les étudiants de la promotion 2009-2010 et le professeur Michel Vivant avait pour objectif de donner de la visibilité à cette spécialité et à la toute jeune Ecole de droit. Entre les différents masters en propriété intellectuelle, il fallait se démarquer, et SciencesPi avait un rôle important à jouer.
Une dizaine d’années plus tard, on peut dire que SciencesPi a atteint son objectif. En complément des enseignements du master, elle a permis de nouer des liens forts entre le master, ses élèves, et les professionnels de la propriété intellectuelle grâce à ses activités et au réseau des alumni, atout majeur du master.
Tous ces projets ont été rendus possibles grâce à l’implication des étudiants mais aussi des partenaires de SciencesPi, soutien de poids dès le début du projet. Les partenaires historiques de SciencesPi sont des intervenants au sein du master : avocats, juristes et conseils en propriété intellectuelle. Lors des entretiens réalisés pour la rédaction de cet article, il est clairement apparu qu’il y a un réel investissement des intervenants du monde professionnel dans le master et l’association. Les ateliers qu’ils dirigent comptent bien souvent parmi les meilleurs souvenirs des étudiants. Au-delà du master, les liens créés subsistent et nombreux sont les alumni qui ont effectué des stages auprès d’eux.
L’investissement des partenaires a permis de mettre en œuvre les projets toujours plus ambitieux de SciencesPi, notamment l’emblématique voyage à Genève ainsi que les participations aux concours de plaidoiries en propriété intellectuelle. Par leur soutien sans faille, ils nous ont également permis d’aborder cette dernière année si particulière sereinement et de se projeter. On ne peut qu’espérer que ces liens se maintiennent et permettent aux prochaines générations de continuer à développer l’association.
Les années qui ont suivi la fusion ont été l’occasion de redéfinir SciencesPi sans affecter son identité et son indépendance. Au passage, le fameux logo de l’ampoule créé par la promotion 2016 a été repensé par la promotion 2018 pour adhérer à la charte graphique de l’AJSP tout en gardant une identité visuelle propre.
Pour les membres de SciencesPi, son indépendance s’explique par les spécificités de la spécialité et de ses activités. La propriété intellectuelle est une matière à part avec peu de praticiens qui se croisent à la 3ème Chambre du Tribunal Judiciaire. Les partenaires de SciencesPi sont quasiment tous des cabinets spécialisés en propriété intellectuelle, dont l’investissement n’est pas que financier. Pour l’instant, SciencesPi conserve son indépendance grâce à des financements propres et un contrôle total sur les activités qu’elle entend mener. La botte secrète de SciencesPi, « l’alchimie » entre les promotions, en est la garantie.
SciencesPi est ce que les étudiants ont envie d’en faire. Si certains projets font désormais partie du calendrier annuel des activités de SciencesPi, l’association permet également l’expérimentation en fonction des envies et des ambitions des étudiants.
Une des activités phares de SciencesPi afin de contribuer au rayonnement de la spécialité Droit de l’Innovation et attirer les futurs étudiants est l’organisation de conférences et de rencontres avec les professionnels du monde de la propriété intellectuelle.
Parmi les nombreuses conférences organisées, on peut mentionner le débat sur les brevets pour les logiciels libres (entre un juriste de Microsoft et un membre de la Free Software Association) ou encore la conférence sur le rapport Reda portant sur l’avenir du droit d’auteur en Europe. Cette conférence a permis à Julia Reda, députée européenne rédactrice du rapport parlementaire et Richard Malka, avocat et auteur de La gratuité c’est le vol de débattre du sujet dans un lieu neutre, une opportunité inédite. Plus récemment, SciencesPi a organisé une conférence sur la liberté de création et les œuvres transformatives, réunissant notamment Jean Aittouares, avocat, DJ Zebra, musicien français à l’origine de la popularisation en France du mashup, et Jacinto Lagueira, Professeur en philosophie de l’art et en esthétique. Réunissant jusqu’à une centaine de personnes, ces conférences avec des intervenants de très haut niveau sur des sujets variés sont le résultat de l’ambition et de l’investissement des étudiants de SciencesPi sur des sujets qui leur tiennent à cœur et qui intéressent au-delà des frontières du master.
Les cocktails organisés à la suite des conférences, ainsi que les cocktails de rentrée et de fin d’année permettent de prolonger la discussion avec les intervenants, mais aussi avec les alumni et les professeurs invités. Tenus dans des lieux divers, dont l’Hôtel de l’Industrie et le Musée de la Contrefaçon pour rester dans le thème, ces moments conviviaux sont essentiels au développement du réseau de SciencesPi. D’autres rencontres sous la forme de petit-déjeuners, visites de cabinets ou d’entreprise (majoritairement en ligne cette année), avec des avocats, des juristes ou des doctorants sont aussi des moments d’échanges privilégiés. A la différence de certaines présentations plus formelles avec un grand nombre de participants, tous les sujets peuvent être abordés, les avantages et les inconvénients de telle ou telle profession, le parcours des intervenants, mais aussi des questions plus personnelles comme l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
SciencesPi peut également être une plateforme pour développer d’autres projets qui ont pour but d’approfondir ou d’explorer les matières étudiées en classe. Les premières années, les étudiants ont créé la Revue de SciencesPi, dans laquelle étaient publiés des articles portant notamment sur l’innovation collaborative et l’open source. Par la suite, le format a évolué et le site Internet de l’association est devenu un moyen de communication sur les activités de l’association, une plateforme de publication d’articles sur l’actualité juridique, ou bien encore le début d’un projet qui dépasse le contexte de l’association. Avec l’aide de ses camarades de promotion, Quentin Gassiat (Promotion 2016) a publié sur le site Internet de SciencesPi trois entretiens avec les artistes Pierre Pinoncelli, Antoine Moreau et Jacob Gautel. Par la suite, ces trois articles sont devenus Le QG des artistes recensant plus de 100 entretiens.
Le travail sans relâche des responsables de partenariat permet de financer la participation annuelle d’étudiants au Concours National de Plaidoirie en Propriété Intellectuelle (CN2PI) et à l’Oxford Intellectual Property Moot. Les excellentes performances des ambassadeurs du master en particulier au CN2PI (dont une victoire en 2018 et un prix du meilleur orateur en 2014) contribuent au rayonnement de la spécialité. Le réseau d’alumni et de partenaires joue encore un rôle clé dans le succès des équipes à ces concours en conseillant les nouveaux participants lors de répétitions générales. La formule fonctionne : l’équipe du master Droit de l’Innovation composée de Loreena Louiset et Bénédicte Schuhler est arrivée en finale de l’édition 2021.
Toute la promotion s’est réunie virtuellement pour soutenir Loreena et Bénédicte lors de la finale du CN2PI, un moment qui a soudé la promotion autour de ses deux brillantes ambassadrices.
Enfin, il serait impossible de parler de SciencesPi sans parler du fameux « Voyage à Genève », tradition presque aussi vieille que l’association. Pour beaucoup d’étudiants, c’est le meilleur souvenir de l’année. Entre les cours à l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (et un passage dans sa cantine futuriste), les étudiants ont visité le musée de la Croix-Rouge ou encore l’Organisation Mondiale du Commerce, tout en prévoyant dans le programme bien chargé le temps de partager une fondue.
Derrière ce séjour de deux ou trois jours se cachent les étudiants de SciencesPi qui redoublent d’efforts pour rassembler les fonds auprès des partenaires afin de financer le transport et le logement, mais aussi organiser le séjour. Cette spécificité de SciencesPi, unique au sein de l’Ecole de droit, est une de ses plus grandes fiertés. Les talents commerciaux et organisationnels de ses étudiants résultent en une expérience unique qui fédère les promotions.
SciencesPi est au cœur de la vie de ce petit master qui regroupe entre dix et vingt-cinq étudiants par an. Les activités proposées rythment l’année scolaire pour toute la spécialité et permettent de nouer des liens d’amitié forts lors de la dernière année à SciencesPo.
L’association permet également à ses membres de développer un grand nombre de compétences, en raison notamment des projets de grande envergure entrepris par ses étudiants. De la gestion de projet, à la communication, la recherche de financement et la gestion du budget, elle demande un certain investissement de la part de ses membres. C’est une excellente expérience pratique dans la gestion de projets, ce qui a pu susciter des vocations chez certains. Les contacts noués avec les partenariats sont particulièrement importants. Un peu de débrouillardise qui se transforme en assurance. Cet engagement étudiant n’est pas anodin et entraîne une prise de responsabilité auprès des partenaires mais aussi de l’administration.
Cette année, il a fallu réinventer la manière de créer un esprit de promotion dans le cadre d’une année entièrement à distance. La taille réduite du master, les rencontres organisées par SciencesPi mais aussi l’implication de la promotion toute entière ont rendu cette année compliquée bien plus supportable. Le soutien des alumni a également joué un rôle très important. Que ce soit pour la préparation du CN2PI et de l’Oxford IP Moot, pour l’organisation de rencontres avec Philippe Marchiset et Hugo Ruggieri, deux alumni du master, ou encore la rédaction de cet article, ils ont répondu présent.
Après une dizaine d’années d’existence, certains alumni exercent désormais dans des structures qui reçoivent des petits nouveaux en stage. Qu’il s’agisse de questions sur le CRFPA, sur un autre master, ou sur la création de son propre cabinet, il y a bien souvent un alumnus à qui l’on peut s’adresser.
Les entretiens réalisés dans le cadre de la rédaction de cet article ont aussi été l’occasion de faire un panorama des carrières des alumni après le master Droit de l’Innovation. Ce n’est bien entendu pas un inventaire complet, mais à quelques semaines de la remise des diplômes, cet article est aussi l’occasion de montrer la diversité des parcours suite au master.
Il y a bien sûr la voie « classique », des alumni qui exercent ou s’apprêtent à exercer comme avocat en IP/IT. Le master évolue pour inclure plus de droit des nouvelles technologies et des données personnelles mais certains choisissent de compléter leur formation dans un autre master dans le cadre du PPI. Les alumni exercent dans des structures diverses, cabinets internationaux ou boutiques en propriété intellectuelle, au sein de leur propre structure, en France ou à l’étranger. Par ailleurs, nombreux sont les étudiants à ne pas avoir choisi la robe et à exercer en tant que juriste, en propriété intellectuelle ou dans d’autres matières. Du pôle international d’une société de parfumerie et de cosmétiques, aux « legaltechs », ou encore dans le secteur viticole, les parcours sont variés. Certains ont choisi de ne pas exercer en tant que juriste mais dans des domaines plus ou moins liés à la création et aux nouvelles technologies. En entreprise comme chargé de mission piratage, en cabinet de conseil ou encore dans les collectivités territoriales, le background juridique axé droit de l’innovation du master ouvre de nombreuses portes.
Enfin, certains alumni interviennent désormais dans de prestigieux masters. Nous espérons que ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne reviennent enseigner dans le master Droit de l’Innovation.
La rédaction de cet article a été l’opportunité d’échanger avec de nombreux alumni qui ont accepté de participer à ce projet. Leur enthousiasme est une preuve supplémentaire, s’il en fallait une autre, de leur attachement à SciencesPi. Nous, membres du bureau 2020-2021, y sommes également très attachés. Dans une année où le virtuel nous a parfois découragés, SciencesPi nous a permis de rester investis dans le master et d’établir des contacts en dehors de notre petite promotion. Nos camarades, toujours motivés pour participer aux rencontres et diverses formations, méritent aussi une mention dans cet article. Car SciencesPi est avant tout une association pour animer la vie du master Droit de l’Innovation et de ses étudiants.
SciencesPi, parfois décrite comme une petite association sans grande ambition, a prouvé ces dix dernières années qu’elle était capable de mener à bien de grands projets, compléments essentiels des enseignements du master, et de contribuer au rayonnement de la spécialité. Ce n’est encore que le début d’une longue histoire…
Merci à Adrien Aulas, Charlotte Autissier, Letizia Belfiore, Camille Boillet, Adrien Bonnet, Aurélie Borgat, Sim Bozkoyunlu, Quentin Gassiat, Charles Guillaume, Guillaume Klasen, Verena Kerscher, Juliette Lala, Taliza Langlois, Loreena Louiset, Lucas Maschio-Esposito, Philippe Marchiset, Mathias Murmylo, Hugo Ruggieri, Eve Schenberg, Tommaso Stella et Charlotte Véron pour leurs témoignages sur leur expérience à SciencesPi. Ce fut un plaisir d’échanger avec vous.